Aaron Camper : E=MHz

Aaron Camper : E=MHz

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La première fois que j’ai entendu parler d’Aaron Camper, c’était fin 2012, lorsque j’ai découvert Jaiden The Cure (désormais connu sous le nom de Gene Noble) quelques semaines avant de l’interviewer. Ils avaient tous deux été engagés pour donner de la voix en tant que choristes sur le Carpe Diem Tour de Chris Brown.

En 2013, je me souviens avoir regardé l’une des premières performances télévisées de Justin Timberlake dans le cadre de la promotion de son nouvel album The 20/20 Experience, et avoir reconnu Aaron parmi son groupe de musiciens. J’ai pensé “Wow, ça marche bien pour lui ma foi”. Puis quand j’ai appris que la tournée de JT passait par la Belgique, je me suis dit que j’entendrai sûrement à nouveau parler de lui… Et j’avais raison puisque l’on m’a gracieusement proposé de le rencontrer lors de son séjour à Anvers. Donc le 1er mai, après quelques mésaventures dans les transports en commun (pas merci la STIB), je suis finalement arrivée à l’hôtel Blu Radisson avec ma complice du jour qui n’avait aucune idée de qui était ce chanteur.

C’est un Aaron Camper fatigué et tout droit sortie d’une petite sieste qui est apparu dans le hall et, après avoir assisté à sa performance sur scène dans la soirée, on ne pouvait résolument pas lui en vouloir. Mais c’est une histoire que je vous ai déjà racontée en chroniquant ma 20/20 Experience.

Pour en revenir à notre sympathique discussion : dès que celle-ci fut bouclée et que l’on a quitté l’établissement, la première chose qu’a faite mon amie fut de s’extasier face à tout ce qu’Aaron avait déjà accompli dans sa vie. Et c’est ce même sentiment de fascination qui devrait vous envahir après avoir fait connaissance avec ce jeune homme talentueux et travailleur, toujours en quête de perfection et de développement personnel, mettant toute son énergie dans la création de magnifiques Hertz qui se transformeront peut-être en méga hits. E=MHz (Oui, je sais bien que cette formule n’existe pas, mais laissez-moi instiller un peu de poésie dans les sciences si j’en ai envie). Il fait en effet partie de cette espèce rare qui vous inspire à viser plus haut, rêver plus grand. Apprenez-en plus sur son parcours musical et son double EP à venir Madness & Megahurtz, dont la sortie est prévue en deux parties cet été. Et restez connectés pour découvrir ses coups de coeur musicaux du moment la semaine prochaine !

 

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Tu as commencé la musique avec le gospel et a même rejoint un groupe dans ce registre après tes études secondaires. Qu’est-ce qui t’a convaincu à te lancer dans une carrière solo et à passer de l’ombre (en écrivant pour les autres) à la lumière ? 

La musique a toujours été importante pour moi. Peu importe le format, le genre… J’ai grandi à l’église donc le gospel est venu en premier, tu vois ce que je veux dire ? C’était l’église d’abord. En murissant et grandissant, mon appréciation et mon amour pour la musique était intact donc j’ai eu envie de me diversifier et d’explorer tout ce que je pouvais faire sur scène, tout le potentiel que j’avais. En même temps, compte-tenu de la situation, il fallait que je me diversifie et que j’avance de mon côté. Et j’ai eu la chance de pouvoir tracer ma propre route. Je voulais juste découvrir l’étendue de mes capacités et, Dieu merci, ça fonctionne plutôt bien pour l’instant.

En 2008, tu as décroché une nomination aux Grammy Awards pour Thirsty de Marvin Sapp. Quelles furent tes impressions ? 

C’était bizarre. Je ne savais pas comment me sentir. Je n’avais jamais expérimenté quoi que ce soit de similaire auparavant. Mais, en même temps, ce n’était pas MON Grammy. Donc j’étais vraiment heureux mais, d’un autre côté, je voulais plus. Cela m’a ainsi poussé à m’ouvrir et à vouloir plus, à être plus assoiffé, plus excité, à viser plus haut et à travailler plus pour voir ce qui pouvait en découler.

Tu as ensuite croisé le chemin du producteur Adam Blackstone. Comment vous êtes-vous rencontrés ?

En fait, j’ai rencontré Adam lors d’un concert. Il travaillait avec le groupe Mary Mary. J’étais avec mes gars et on s’est donc croisés à un show : il avait entendu parler de moi et vice versa. Alors on a échangé nos coordonnées et on a commencé à travailler sur des titres, à écrire des morceaux pour d’autres… On essayait juste de boucler des titres et de faire de la musique. Et on a jamais cessé depuis…

Tu voyages à présent aux quatre coins du globe avec Justin Timberlake dans le cadre de son 20/20 Tour Experience, 20/20 faisant référence à la “vision parfaite”.  Quelle a donc été la vision la plus parfaite que tu aies pu expérimenter sur cette tournée jusqu’à présent ?  

On vient de faire Paris, dans un stade. Il y avait… beaucoup de monde. Je ne me souviens même pas du nombre de spectateurs : 66 000 je pense ? Il y avait une mer de monde. Quand tu te retournais, il y avait encore des gens derrière toi. C’était incroyable. Il s’est mis à pleuvoir et les gens sont restés ! C’était juste dingue, je n’avais jamais vu ça de ma vie. (C’était ta plus grande audience ?) Oui, de loin. Je ne m’étais jamais produit devant autant de monde. Donc c’était incroyable de voir et de faire partie de ce moment.

J’ai toujours été un peu fascinée par les choristes en général et…  

Vraiment ?! Pourquoi ? C’est marrant, je n’ai jamais entendu quelqu’un dire ça !

Je ne sais pas pourquoi mais, à chaque fois que j’assiste à un concert, je passe mon temps à observer le batteur et les choristes. Je suppose que c’est à cause de toutes les harmonies… Donc je me demandais comment vous vous préparez à une tournée d’une telle envergure ? Est-ce que tu peux contribuer aux arrangements vocaux etc. ? 

En ce qui concerne les répétitions, cela n’a pris qu’un ou deux mois. On n’a pas eu beaucoup de temps parce qu’on était toujours en tournée mais on en a eu suffisamment que pour tout mettre en place. Donc on a tout réglé à Memphis en quelque chose comme un mois et demi. On était tous dans le truc de toute façon donc ça n’a pas pris bien longtemps. On a juste dû s’accommoder de la scène, des lumières, des détails techniques et c’était bon. D’un point de vue vocal, on a travaillé avec Rob Stevenson qui est l’un des meilleurs coaches vocaux de la planète. Il est venu aider et on proposait quelques idées ci et là pour voir si ça fonctionnait.

Tu as apparemment eu la chance de travailler avec une liste d’artistes assez impressionnante dont Stevie Wonder, David Guetta, Jill Scott, Chris Brown, Justin Timberlake… Quelle rencontre t’a le plus marqué ?

J’ai appris quelque chose de chacun d’entre eux. Je m’assure toujours que ce soit le cas. Rien que le fait d’être sur la route avec Chris… Il est comme un frère pour moi. C’était un peu comme un film en soi, chaque jour était un film. Je ne me suis jamais autant amusé. J’essaie juste d’apprendre de chaque situation, de toujours en ressortir grandi.

Dirais-tu que toutes ces rencontres ont aussi influencé ton écriture ?

Absolument ! Tout m’influence. Que ce soit nous, là, assis. Ou me balader dehors, dans un pays différent. J’essaie toujours de bousculer mon côté créatif, de rester ouvert, détendu et de tirer quelque chose de chaque expérience pour inspirer mon écriture. C’est la seule manière de créer des chansons authentiques. Vous devez être honnête sur ce que vous vivez au jour le jour.

Tu as sorti ta première mixtape Welcome To My World en 2011 et tu t’apprêtes maintenant à dévoiler le double EP Madness x Megahurtz. Trois ans se sont écoulés entre-temps mais on peut retrouver des interviews de 2012 dans lesquelles tu évoquais déjà cet EP ! Que s’est-il passé ? Pourquoi cette sortie a-t-elle pris tant de temps ? 

Ah ça… C’est parce que, dès je sors quelque chose, je suis très critique envers moi-même. Quand tu fais des interviews, on te demande “Alors, on peut l’entendre ? C’est bon ? C’est fini ?”. Et tu es juste là : “Non, c’est pas terminé” ou “Oui, c’est bon mais attends, je vais tout refaire”. Tu sais, si je suis aussi critique envers moi-même, c’est parce que je tiens à faire bonne impression. La meilleure impression. Et puis, depuis 2011, je suis en tournée. Je n’ai pas beaucoup eu l’occasion de me poser à la maison et de vraiment créer. Créer sur la route, c’est nouveau pour moi donc, quand je suis ici, sur la route, sans cette possibilité d’être chez moi avec mon producteur, c’est difficile, mais je ne me donne aucune excuse. Donc s’il faut reporter la sortie, je le fais. Parce que, quand ce sera là, c’est moi qui devrai défendre le projet : si c’est mauvais, personne ne manquera de me le dire, idem si c’est génial. Donc je dois m’assurer d’être complètement satisfait.

Tu as retravaillé et/ou éliminé des titres du coup ? 

Oh oui : j’en ai retravaillés, jetés, j’ai choisi de nouveaux morceaux, enregistré de nouveaux featurings et éliminé des anciens… Je veux juste que ça colle vraiment. Parce qu’en 2011, j’ai sorti une mixtape. Et c’est tout ce que j’ai, c’est la seule base pour me définir actuellement. Elle a été téléchargée à 40 000 reprises. Donc j’aimerais bien que ça continue ainsi et c’est pourquoi je veille à faire quelque chose de bien, quelque chose de solide. Et comme je l’ai dit, s’il me faut trois ans de plus pour présenter quelque chose, je veux faire en sorte que cela marque les esprits. Donc oui, j’ai pris mon temps, mais cet EP est bouclé !

Il s’agira d’un double EP. Pourquoi avoir opté pour ce format ? 

Pour plusieurs raisons différentes. La première partie sera plus urbaine, tandis que la seconde est plutôt alternative. Si j’ai souhaité faire cette deuxième partie, c’est parce que, lors de mes shows, je suis probablement complètement différent de ce que vous entendrez sur ces chansons. Et si c’est via la scène que pas mal de personnes me connaissent aux States, en Europe, on ne me connait pas encore pour mes performances live parce qu’à chaque fois que je viens, c’est pour accompagner d’autres artistes. Donc en entendant cette autre facette, peut-être que ça intriguera certains PROMOTEURS [il insiste sur le mot] et les incitera à me booker sur certains shows pour que je puisse exporter ma musique ici, en Europe, et vous montrer ce que je sais faire !

Est-ce que tu peux nous en dire plus sur le nombre de chansons du projet et les featurings qu’on y retrouvera ? 

Je pense que chaque EP contiendra 6 titres. JoJo est sur le second. Sur le premier, il y a une chanson avec Q Parker de 112 et une autre avec PJ Morton. Et c’est tout… pour le moment !

De quelle chanson es-tu le plus fier sur ce projet ?

J’essaie d’être fier de tous mes morceaux. Je les écoute tous les jours, en me disant “Enlève ci, refais ça”. J’ai fait ça tellement longtemps ces deux, trois dernières années, que ça commence à me fatiguer d’entendre les mêmes chansons. Tu te retrouves à réenregistrer cette même piste qu’il y a deux ans et tu réalises “Je n’ai même plus envie que ce soit sur l’EP”. Donc j’essaie de recréer, de faire en sorte que ça envoie ! Evidemment, il y a quelques titres que j’aime plus que les autres mais ce sont justement ces autres morceaux qui m’inquiètent et donc je fais tout pour qu’elles soient du même niveau que celles que je préfère. Donc là, je m’acharne un peu plus sur celles que j’aime un peu moins.

Tu vas bientôt partager un nouveau clip… 

Il y a PLUSIEURS vidéos qui arrivent ! Avant de partir en tournée, j’en ai tourné pas mal parce que je savais que je serais en Europe pour un moment. Donc j’ai fait quelques clips et j’ai commencé un vlog suivant la création de mon projet : Chapters. J’étais justement en train de regarder le second épisode en haut : spéciale dédicace à Ebony Lavone qui s’occupe de tout ça ! Je travaille sur beaucoup d’angles différents en ce moment.

Est-ce qu’Hypnotizing sera le premier clip mis en ligne ? 

Hypnotizing est un clip du premier EP. Il y en a un autre pour un titre intitulé Letters sur l’EP, avec un rappeur de Philly, Chill Moody – on partira en tournée dès que je serai de retour à la maison ! Il se pourrait bien qu’il y ait un clip pour chaque chanson : après tout, il n’y en a que 6 donc… […] Je veux juste sortir l’EP. Point. C’est fini les singles. Mes deux derniers singles étaient super ; Breaking My Heart avec Mack Maine et Madness ont bien marché. Mais je ne veux plus sortir de singles pour ce projet : vous choisirez vous-mêmes les chansons que vous aimez. Il y a vraiment tout un procédé derrière. On peaufine tout depuis quelques semaines, un mois, et il faut enregistrer et répertorier certaines choses, s’occuper de tous ces détails qui n’intéressent personne mais qui sont importants. Et quand tout sera fait, j’ai hâte de balancer ça sur iTunes et de m’atteler à la suite ! Là, je dois avoir un équivalent de 5 albums enregistrés. J’ai beaucoup de chansons. Donc il s’agit juste de trouver celles qui vont fonctionner et les sortir, de bien les travailler et de les présenter.

 

Est-ce que les deux EPs sortiront le même jour ?

Non. Je sortirai probablement le premier en juin et le second en juillet.

Sur Twitter, j’ai reçu une question de @lisanewton90 qui se demandait avec quel producteur (vivant ou mort) tu aimerais travailler…  

David Foster(Je savais que tu dirais ça !) BabyfaceL.A. Reid… Oh, il y en a tellement ! J’ai travaillé avec l’un de mes producteurs favoris sur cet EP, Warryn Campbell. Il a produit la chanson que j’interprète avec PJ Morton. Donc… voilà qui est fait ! J’ai enfin eu la chance de faire quelque chose avec lui ! Timbaland… Mannie Fresh… Devante Swing de Jodeci… Daniel Jones, qui est en haut. Il joue du clavier et il a travaillé avec Timbaland an tant que producteur. On bosse ensemble pour créer un tout nouveau son et c’est plutôt excitant pour moi. Donc j’y travaille. Je suis en constante évolution, je ne m’arrête jamais. Et si je pouvais collaborer avec l’un de ces gars un jour, ce serait génial ! Sinon, je resterai un fan !

Est-ce que David Foster t’a en quelque sorte inspiré à faire carrière dans la musique (ndlr: il a produit pour Diana Ross, Céline Dion, Whitney Houston, Michael Jackson, Toni Braxton, Brandy, j’en passe et des meilleurs…) 

Absolument ! Sa longévité dans le métier à elle seule est juste remarquable. C’est l’un des producteurs les plus résistants de notre époque. Tout comme Quincy Jones d’ailleurs, mais David s’est recréé un nombre de fois incalculable. Il a travaillé avec tellement de personnes différentes, dans des gens tellement différents. À une époque où vous devez maintenant être placé dans la case hip-hop, ou R&B… Voir son évolution en partant d’une période où il ne fallait pas nécessairement être étiqueté, où vous vous lanciez dans un projet simplement parce que vous en aviez la capacité, ça m’a beaucoup inspiré. Il a su saisir les opportunités, il a créé pour la télévision, joué sur des albums, commencé rien qu’avec des jingles… Peu importe ce qu’on lui demandait de faire, il le faisait et plus que bien. Maintenant, en tant que chanteur, ma compétition, c’est des gens comme DrakeFuture. Et ils ne pourraient probablement même pas chanter un titre de Luther Vandross mais on est en compétition, juste parce qu’ils chantent et rappent. Donc je dois jouer sur différents tableaux, et bien. Comme lui [David], j’ai appris à m’adapter et à faire en sorte que les choses fonctionnent. Donc j’adore David Foster pour ça.

Quelle est la prochaine étape pour toi ? J’ai lu cet article sur Billboard que tu as retweeté, à propos de l’industrie musicale actuelle et de ses nouveaux outils, des maisons de disques qui ne font plus de développement d’artistes… Quel est ton avis là-dessus ?  

C’est vrai. Si les grosses maisons de disques développaient des artistes, on en verrait plus éclore, plutôt que des multitudes de hits. On a beaucoup de chansons taillées pour les radios, de singles, mais on ne sait pas qui interprétait les deux chansons qu’on adorait il y a deux ans ! Les labels veulent ce qui clique le plus sur YouTube, ce qui buzze le plus, et ces gens chantent peut-être dans des fêtes d’anniversaire mais ils ne se sont jamais vraiment produits. Donc vous vous retrouvez avec beaucoup d’artistes du genre… Je ne sais pas, où est LMFAO par exemple ? Où est Roscoe Dash ? Où sont ces gens qu’on adorait il y a deux ans ? Donc j’estime toujours qu’il est essentiel d’avoir le soutien d’une maison de disques mais je sais ce qu’il se passera pour moi si je décroche un jour un contrat. S’ils veulent que je sorte des singles, je pourrai le faire mais j’insisterai aussi pour partir en tournée parce que j’adore me produire et être sur scène. Et d’ailleurs, à chaque fois qu’on monte sur une scène, on met le feu ! Et c’est comme ça qu’on se crée un noyau dur. Beaucoup de personnes se retrouvent dans ces situations où ils n’ont pas une solide fanbase et donc, quand leur single fait un flop, ils ne peuvent pas se reposer là-dessus. Donc en attendant de se frayer un chemin jusqu’aux maisons de disques et compagnie, je développe ma fanbase et Anvers pourrait également en faire partie ! Voilà pourquoi je suis là : je veux juste évoluer avec des gens qui aiment ma musique, coûte que coûte. Donc si on est signés, on sera déjà suffisamment forts !

Aimez Aaron, suivez Aaron.

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