Orcelo, guerrier microphonique

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© Cocktailduvice.com

[/one_three]Levons le voile : le rap belge n’est pas à la mode. Il a beau gesticuler, il demeure dans l’ombre de son voisin français. Pourtant, ses ambassadeurs ne déméritent pas. Au contraire. Ils œuvrent avec passion, délivrent des pépites méconnues, contribuant à élargir l’horizon rapologique francophone.

Orcelo, MC carolo lié au collectif Cocktail du Vice, fait partie de ces trésors enfouis, qui rayonnent par leur talent, mais que l’histoire oublie un peu vite. Faisant montre d’une qualité indéniable, ses livraisons artistiques étonnent. L’homme empoigne le micro, assène des vérités trop souvent passées sous silence, mariant habilement son flow à la rythmique. De la rédaction, il manie toutes les facettes. Il jongle avec les assonances et les figures de style, accouche de punchlines renversantes et passe sans accroc d’une histoire lugubre à une envolée égocentrique. Quant à sa sélection instrumentale, elle emprunte autant au rock qu’au reggae, même si, tradition musicale oblige, piano, synthé et basse ont pignon sur rue.

Indéniablement, l’amour du hip-hop, Orcelo le nourrit. Sa carrière tient plus des contes de faits que des contes de fées. Les investissements s’avèrent lourds ; les retombées, maigres. Pourtant, l’artiste se bat pour dénicher des scènes et cherche inlassablement à transcender ses prestations. Festival amateur ?  Il ne crache pas dans la soupe. La musique est la seule à le charmer, le reste n’étant que décor. La réalisation de son premier solo a tout du parcours du combattant : clip semi-professionnel, engagement de fonds personnels, production entre amoureux du mic… Un travail titanesque pour un accueil négligé. Le rap doit compter, lui aussi, avec ses injustices.

« Dans le rap, en Belgique, on souffre beaucoup, mais les trophées sont rares. » Difficile d’être plus clairvoyant. Les aspirations vénales n’ont pas leur place ici ; la passion tient le haut du pavé. « Je ne rejette aucune critique constructive. Ce qui m’importe, c’est l’écoute sincère de l’album. » Orcelo ne convoite pas les lauriers, il souhaite simplement que l’on accorde de l’attention à son œuvre. Une denrée rare dans un milieu où les paillettes règnent. « J’aime ma discipline. Malheureusement, une flopée de piètres ambassadeurs ternissent son image. Pourtant, elle reste un formidable outil artistique, servant autant d’exutoire que de traducteur de pensées. » S’il ne fallait retenir qu’une chose de ce rappeur atypique, ce serait cette belle leçon : le rap n’a pas vocation à procurer gloire et richesse, mais seulement du plaisir.

A découvrir sur: www.myspace.com/orceloelpistolero

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