Monsieur NOV a mis Bruxelles… Sans dessus 2 soul !

Monsieur NOV a mis Bruxelles… Sans dessus 2 soul ! [one_three][/one_three]C’est dans le bar (non, ce n’est pas ce que vous pensez) d’un hôtel bruxellois que j’ai eu l’immense honneur de rencontrer Monsieur NOV. Cueilli au saut du lit, il m’avoue qu’il n’a pas beaucoup eu le temps d’explorer la capitale qu’il découvre pour la première fois. Il ne pense qu’à une chose : sa première scène belge. Car s’il était chez nous ce week-end, c’était pour y présenter son album Sans dessus 2 soul. Showcases à la Fnac et au City Club, tournée des radios… Autant dire que ce ne fut pas de tout repos. Mais qui se cache derrière le Chinois chauve ?
 
 
 

Monsieur NOV (pour New Original Vibe) a tout le talent nécessaire pour s’imposer sur la scène française de la soul. A l’heure où ses camarades de classe faisaient des passes sur un terrain de foot, cet auteur-compositeur-interprète préférait faire ses gammes… sur l’ordinateur: « J’ai commencé la musique vers 15 ans. Mon frère avait un logiciel qui permettait de faire des instrus. Je n’avais rien à faire alors je me suis amusé à faire mes compos. Ça a duré pendant 3 ans. Je ne faisais que ça. C’est un peu plus tard, vers 18-19 ans, que je me suis mis à chanter. Je chantais un peu comme ça, comme tout le monde, dans la salle de bain et ma sœur trouvait que j’avais une bonne voix, qu’il y avait des choses à faire. Et moi, vu que des instrus, j’en avais un paquet et qu’elles ne servaient à personne (comme j’avais pas vraiment de contacts pour les refiler à des artistes), je me suis mis à chanter dessus. Au début, c’était un peu bancal mais j’ai travaillé la voix, l’écriture… ». Faute de moyens, il a tout appris en autodidacte. Une persévérance qui a fini par payer puisqu’un premier album, Sans dessus 2 soul est disponible, porté par les trois singles Ma vie de galérien, Trop fresh et Laissez-nous pleurer (en featuring avec Al Peco), dont le clip a été tourné la semaine dernière.

[two_three]Petit à petit, le chanteur commence à se faire un nom sur Paris, où il écume les salles de concert, combles : « Je me suis produit au Nouveau Casino en novembre dernier. Deux jours avant la scène, on n’avait pas vendu beaucoup de places. On n’avait pas fait beaucoup de promo donc j’étais un peu sur les nerfs, sous pression. Et la veille du concert, je ne sais pas ce qui s’est passé mais on a fait complet. On m’appelle et on me dit ‘Il n’y a plus de places, tout a été vendu’. J’étais surpris. Et en fait, quand j’arrive sur scène, je fais mes balances donc je n’ai aucun contact avec l’extérieur. On m’avertit juste qu’il y a du monde. Une fois que j’arrive sur scène : je vois la salle remplie. On m’explique qu’il y a encore des gens qui attendent dehors, que la queue est interminable mais qu’on ne peut pas les faire rentrer, c’est terminé. J’étais d’autant plus étonné que je n’avais pas fait de promo ! Je reste super discret : je poste une info un jour et puis, je laisse tourner. Je constate donc il y a des gens qui suivent mon actualité sur Internet, sur Facebook ».[/two_three]
[break]Et à seulement 23 ans, le jeune asiatique ne compte pas s’arrêter en si bon chemin ! Il est d’ailleurs en préparation de son prochain album. Dans les bacs en novembre, celui-ci sera l’occasion de s’affirmer musicalement : « Ça reste la même démarche musicale mais c’est un peu plus ciblé. Dans mon premier album, il y avait un peu de tout : du rnb, de la nu soul, des morceaux un peu plus rap. C’était mon premier projet et je le considérais comme une présentation. On y trouve un peu tous les styles, tout ce que j’aime faire et écouter : c’est une palette. Le deuxième album sera plus axé sur – j’aime pas ce terme, mais bon – la nu soul ». Mais pourquoi bouder cette appellation, qui lui est si souvent associée ? « Aujourd’hui, la nu soul, c’est des artistes comme Eric Roberson, Dwele, Jill Scott etc. Mais la nu soul d’il y a 10 ans, c’était D’Angelo, Bilal et ça n’avait rien à voir musicalement. Donc on ne peut pas parler vraiment de nu soul parce que ça change toujours, c’est toujours un renouvellement de sonorités, d’inspirations ».
 
Que ce soit à propos du genre musical ou de la scène française actuelle, NOV ne garde pas sa langue dans sa poche, n’hésitant pas à distinguer les « vrais » – artistes underground qui se réfugient sur MySpace – et les « faux », simples produits marketing qui envahissent les écrans et les ondes à longueur de journée. Bien sûr, il admet que, même s’ils se font rares, il y a également de bons artistes ! Ainsi, Monsieur ne dirait pas non à une collaboration avec Musiq Soulchild, D’Angelo, Raphael Saadiq ou Dr DRE. Et malgré son amour infini pour les sons « cainris », à une époque, il se serait bien vu collaborer avec Corneille (quoiqu’on reste toujours du même côté de l’Atlantique) : « J’appréciais sa plume et l’image qu’il dégageait. C’était un peu un ovni dans l’univers de la soul et du rnb français. Il y avait toujours une espèce de processus standard : les gens faisaient des scènes sur Paris, après on les entendait à la radio, on voyait leurs clips. C’était un procédé de base. Et puis, Corneille est arrivé avec un clip. Il débarquait de nulle part et ça a marché pour lui, il a vendu beaucoup d’albums. C’est pour ça que je l’aimais bien. Maintenant, j’aime toujours ce qu’il fait mais un peu moins : il est parti dans une autre direction. Je respecte mais ça me touche moins qu’avant ».  En attendant d’arriver en haut de l’affiche et de côtoyer les plus grands, il continue à soutenir la scène émergente : « Je pense qu’il faut que les artistes indépendants et underground se serrent les coudes, qu’ils n’aient pas peur de prendre des initiatives et de se lancer ! Et que, de leur côté, les producteurs n’aient pas peur de faire confiance, de se jeter à l’eau parce que c’est ça le problème maintenant : même les majors ont peur. Nouvelle Star, Star Academy… Avant, cela n’existait pas : il y avait de vrais directeurs artistiques dans les maisons de disque, qui s’occupaient de développer l’image de l’artiste pour ensuite sortir un album. Maintenant, ce sont les émissions de télé-réalité qui permettent de faire la promo, de construire une image autour d’un artiste et une fois que le buzz est monté, que les gens ont voté, l’album sort. Ils ne prennent plus de risques, ils ne tiennent plus leur rôle de maison de disque. En tout cas, en France, je considère que les artistes indépendants peuvent faire le même travail que les majors ».

[two_three][/two_three]Monsieur NOV signé par une grande maison de disque, ce n’est donc pas pour demain et il a d’ailleurs déjà décliné une offre. La « vie de galérien », c’est pour toujours alors ? « Aujourd’hui, je suis à Bruxelles, dans un hôtel… c’est pas mal ! Mais sinon en règle générale, c’est toujours la même chose. Après, la vie de galérien, ce n’est pas dans la connotation financière, c’est surtout un état d’esprit : je ne me prends pas au sérieux et je fais pas mal de choses. Certains m’envient : je tourne en radio, je fais des clips, je remplis des salles… En soi, c’est pas une vie de galérien mais je vis toujours de la même manière: une fois que j’ai fini ma scène, je rentre chez moi en métro, j’ai pas de voiture,… ». Comment ça ? Et pas de jet privé alors ? « Non, pas encore (rires) ! L’année prochaine, jet privé et puis, Pharrell à côté de moi, on boira un jus… ». Tiens tiens, un collègue chanteur-producteur… Une double-casquette que NOV aimerait beaucoup endosser : « J’ai pas mal de contacts avec qui je travaille officieusement. Rien n’est officiel pour le moment parce que je me donne à fond sur mes propres projets donc je n’ai pas le temps de démarcher les autres artistes, de présenter mes instrus. Puis, il faut savoir que j’ai du mal à bosser une instru et la donner : j’ai envie d’être là en studio, de participer à l’arrangement vocal, mais ça prend beaucoup de temps. Mais à l’avenir, c’est ce que j’ai envie de faire parce que c’est comme ça que j’ai débuté et je me considère toujours plus comme un beatmaker plutôt que chanteur. Ma voix n’est qu’un instrument de plus, ce n’est pas une fin en soi ».
 
Mais rassurez-vous : s’il a mis de côté ses rêves d’architecte, mangaka (« comme tous les Chinois ») et styliste, Monsieur NOV n’a nulle intention de laisser chômer ses cordes vocales et d’ici le prochain opus, il compte bien continuer à nous mettre Sans dessus 2 soul !

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