Stromae - Racine carrée (review)

Stromae - Racine carrée (review)

J’hésite toujours à parler de Stromae sur le blog. Est-ce qu’il n’est pas un peu trop électro pour figurer sur Urban Soul ? Voire même un peu trop chanson française ? Mais en même temps, les musiques ne sont-elles pas toutes de plus en plus métissées ? Et voilà donc comment je me retrouve finalement à écrire une nouvelle fois mon amour à cet ovni musical, de mon clavier à sa plume.

Il y a quelques jours, je découvrais son nouvel opus √ (Racine carrée). Les seconds albums sont toujours attendus au tournant, et suite l’énorme buzz de Cheese sorti en 2010 et une longue absence, je craignais que notre Belge ne retombe dans les oubliettes, du moins au-delà des frontières du plat pays. Mais après le coup de marketing le plus brillant de ce début d’année et écoute de son nouveau projet, j’insiste : Stromae n’est définitivement pas un one-shot.

C’est d’ailleurs avec une transition en douceur qu’il ouvre son album avec Ta fête, juste équilibre entre les basses électro de Cheese et les rythmes africains qui préparent le terrain au tube Papaoutai. À l’image de sa double culture, l’artiste ne manque jamais d’apporter une touche made in Belgium comme dans Bâtard, déclamé avec son habituelle sincérité. Des paroles dramatiques sur des compositions up tempo qui donnent envie de danser : le paradoxe Stromae a encore frappé. C’est que le jeune homme n’a peur de rien. Ses textes abordent encore une fois des sujets aussi divers que le racisme, l’absence de figure paternelle, le cancer ou le sida. Ainsi, même lorsque je ne suis pas convaincue par l’une de ses prods, il parvient toujours par me happer avec ses jeux de mots. Tantôt grave, tantôt drôle, Paul continue à s’imposer comme le maestro des allitérations et des doubles sens.

Pour cet essai transformé, Stromae a toutefois bénéficié d’un coup de main du rappeur Orelsan qui signe Ave Cesaria, divin hommage à Cesaria Evora que j’attendais avec impatience ; mais aussi Carmen, relecture 2.0 de l’opéra de Georges Bizet, et le bonus AVF, dans lequel l’auteur-compositeur-interprète renoue avec le rap aux côtés de son nouvel acolyte et de Maître GimsLes plus fidèles retrouveront également dans la tracklist Tous les mêmes dévoilé à la Saint-Valentin et présenté sous une nouvelle version sur le disque, ainsi qu’Humain à l’eau, leçon n°23 qui annonçait son retour.

Mention spéciale à Moules frites et son énorme métaphore (“Polo aime les moules frites sans frites et sans mayo” : je vous laisse faire vos déductions) et Quand c’est, dans lequel Stromae évoque le cancer sans langue de bois et avec beaucoup d’intelligence. Enfin, c’est encore dans un sourire qu’il conclut son album avec Merci, un instrumental gonflé par des chœurs en dernière minute et qui sera sans doute parfait en clôture de concert, à l’Ancienne Belgique le 18 décembre prochain, puis à Forest National le 4 avril 2014, deux dates déjà complètes (mais il vous reste encore le 19/12 au Trix d’Anvers et le 05/04 à Forest). Quelque peu “sous pression” à quelques mois du lancement de sa tournée comme il le confiait à la presse lors de la présentation de Racine carrée, Stromae peut se préparer à la scène l’esprit serein : j’ai l’intime conviction qu’il saura faire les choses bien.

 

À écouter d’urgence : Papaoutai, Ave Cesaria, Formidable, Quand c’est.
Stromae  Racine carrée, dans les bacs le 19 août (Universal Music)

P.S. : Si tu as lu jusqu’au bout, sois récompensé et sache que Stromae sera en séance de dédicaces le mercredi 21 août de 10h à 11h30 à la FNAC Toison d’Or (Bruxelles).

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