En 2005, Macklemore arborait le sujet de l’appropriation culturelle dans White Privilege, extrait de son album The Language of My World. Il remet aujourd’hui le couvert avec Ryan Lewis pour White Privilege 2, morceau cinématique de 9 minutes conclu par la participation de la chanteuse et poète Jamila Woods. Alors que le hashtag #OscarsSoWhite envahit actuellement les réseaux sociaux, il y discute de sa position en tant qu’artiste blanc dans un genre créé par les Afro-Américains, évoquant bien évidemment au passage le mouvement Black Lives Matter qu’il avait soutenu en prenant part en novembre 2014 à la manifestation organisée à Seattle suite à la mort de Michael Brown.
Faisant suite à son titre précédent du même nom, Ben Haggerty pointe du doigt Miley Cyrus, Elvis Presley et Iggy Azalea considérés, comme lui, comme des “vautours” de la culture afro-américaine et il ne manque d’ailleurs pas de s’inclure dans le lot en clamant “You’ve heisted the magic” (ndlr : Vous avez volé la magie — ce que beaucoup lui ont d’ailleurs reproché après qu’il ait remporté le Grammy Award du Meilleur album rap en 2014 face à Kendrick Lamar), référence à The Heist, le premier disque de Macklemore & Ryan Lewis. Sur la toile, certains ne le trouvent pas moins hypocrite pour autant, doutant de ses bonnes intentions compte-tenu de la sortie prochaine du nouvel opus du duo, This Unruly Mess I’ve Made, attendu le 26 février dans les bacs.
Sur le site whiteprivilege2.com, où la chanson est disponible en téléchargement gratuit, Macklemore & Ryan Lewis affirment cependant vouloir se servir de leur plateforme et s’engager personnellement, financièrement et artistiquement “sur le long terme dans le soutien d’associations dirigées par des noirs et d’échanges et programmes éducatifs anti-racisme”, citant quatre organisations et collectifs qui les inspirent, à savoir Black Lives Matter, People’s Institute for Survival and Beyond, Youth Undoing Institutional Racism & Freedom School et Black Youth Project 100. Résultat d’un “dialogue entre musiciens, activistes et professeurs de leur communauté à Seattle”, White Privilege II ne règlera pas tous les problèmes comme par magie mais le titre a au moins le mérite, à son échelle, de contribuer à la conversation.
