Drake - Take Care (review)

Drake - Take Care (review) [two_two][/two_two]Après avoir entendu Marvin’s Room et Headlines, j’attendais le nouvel album de Drake avec plus d’impatience que jamais. Mais voilà que début octobre, arrive la grosse déception : Take Care ne sortira pas le jour de son anniversaire mais le 15 novembre, la faute à 3 samples dont les autorisations probablement restaient à clarifier. J’ai donc repris mon mal en patience jusqu’au 14 (oui, la joie des sorties belges le lundi) et me suis précipitée pour écouter ce qu’il nous avait concocté avec tant d’amour…

Le lendemain, jour de sortie outre-Atlantique, c’était l’effervescence sur Twitter. Il n’en avait que pour le Canadien dans les messages qui défilaient sous mes yeux perplexes : mais qu’ont-ils trouvé de si extraordinaire dans cet opus ?

Voilà l’introduction que j’avais prévu d’écrire lorsque je me suis mis en tête de rédiger une review de Take Care. N’arrivant pas à comprendre pourquoi je ne nageais pas dans le même délire que les autres, j’ai alors déclaré qu’une seconde écoute ne serait pas du luxe, juste au cas où je serais passée à côté de quelque chose puisqu’après tout, l’album était parvenu à mes oreilles alors que je travaillais. Peut-être ai-je juste été un peu trop distraite ? Focus donc pour cette deuxième tentative.

Évidemment, on ne change pas une équipe qui gagne : 40 alias Noah Shebib a encore produit la grande majorité des tracks, n’en laissant qu’une à Boi-1da (Headlines) et quelques cacahuètes de plus à T-Minus. Le reste de la famille n’a pas manqué à l’appel non plus : Lil Wayne, Nicki Minaj, Birdman, Rick Ross, Rihanna participent ainsi au projet mais aussi The Weeknd, Chantal Kreviazuk, Stevie Wonder (à l’harmonica s’il vous plait !), Trey Songz, Andre 3000, Divine Brown ou encore Kendrick Lamar.

Comme dans son précédent CD, Drake nous met rapidement au parfum en amenant le chant dès le second morceau Shot For Me, down-tempo qui fait son petit effet sur les minettes dans mon genre. Se succèdent ensuite une série de titres dont la plupart ont un réel potentiel de tube. Je pense notamment à Take Care en duo avec Rihanna, malgré un beat que j’exècre (les paroles ont eu raison de moi). Ou Make Me Proud featuring Nicki avec qui il fait extrêmement bien la paire puisque les deux acolytes figurent parmi les rares artistes du hip-hop pouvant se vanter de passer du rap au chant sans grande difficulté. Crew Love, sa collaboration avec The Weeknd, reste néanmoins très décevante et j’irais même jusqu’à dire que la partie de Drake est bien insipide à côté du couplet d’Abel Tesfaye…

Niveau thèmes, on n’est pas très loin de ceux abordés dans Thank Me Later : ça parle de réussite, de notoriété, d’amour… et fréquentes sont les allusions à l’infidélité et aux cœurs brisés. Bon c’est quoi le problème Drizzy ? Qui a trompé ta belle gueule ? Toutefois, ce qui est bien avec Drake, c’est qu’il ne se dénigre jamais même lorsque sa chérie le largue pour un autre : c’est ce qu’on appelle la positive (et high self-esteem) attitude ! Et puis, il peut au moins toujours compter sur Nicki, RiRi et Aaliyah (trop tard, j’ai envie de dire) qu’il cite à tout bout de champ dès que l’occasion lui est donnée.

En gros, c’est toujours la même histoire, flow y compris. Parce que, soit j’ai une oreille musicale remarquable, soit je suis sur la même longueur d’onde que le jeune homme de 25 ans (la folie fait partie des options mais à votre place, je n’oserais pas le mentionner, je risquerais de me vexer) MAIS je devine comment il va poser chacun de ses mots. Ne parlons même pas de la bonus track The Motto qui reflète tout ce que je peux détester à savoir un instrumental plat, sans variations, agrémenté d’une voix monotone du début à la fin (qui en plus se confond étonnamment avec celle de Weezy). Ce qui m’amène à la question (existentielle) suivante : Drake est-il réellement acclamé pour ses punchlines et son flow ? Ou son succès repose-t-il en grande partie sur des prods très soignées (thumbs up pour We’ll Be Fine avec sa 2ème partie de hook à tomber) ?

Le vrai secret réside selon moi dans la personnalité d’Aubrey Graham : dans l’univers macho du rap, il est probablement l’un des artistes les plus vrais. En effet, rares sont ceux qui osent se montrer vulnérables comme il a pu le faire dans Doing It Wrong (que j’idolâtre un peu plus à chaque écoute) ou dans l’interlude Good Ones Go, conclu par un message vocal émouvant de sa grand-mère. Drake délaisse même parfois ce que l’on pourrait prendre pour de l’arrogance pour montrer un peu de reconnaissance comme c’est le cas sur Look What I’ve Done, morceau dédié à sa mère et son oncle. Emo-rap style, si si.

Je passerai sous silence les deux bonus tracks inutiles que je n’ai découvertes que plus tard (merci Max) n’ayant reçu que la version 18 titres déjà largement suffisante, le rappeur nous ayant généreusement gratifiés d’1h20 de musique (ça change des albums de 30 minutes). Après une deuxième partie en demi-teinte, c’est donc avec The Ride (hop! encore une petite apparition signée The Weeknd) que je termine mon voyage musical et cet outro me laisse définitivement sur ma faim. C’est là que je me dis qu’au fond, Drake a drôlement bien fait son travail.

À écouter d’urgence : Headlines, Marvin’s Room, We’ll Be Fine, Doing It Wrong.
Drake Take Care, dans les bacs depuis le 14 novembre (Universal).

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