JMSN - Fallin' (vidéo)

JMSN - Fallin' (vidéo)

En vacances chez ma famille à l’île de la Réunion en 2004, je passais mes journées devant Trace TV quand je ne squattais pas la piscine ou la plage. Je pouvais rester des heures durant à contempler les mêmes clips en boucle, activité ô combien passionnante qui n’est désormais plus la mienne. Notamment parce que je n’ai plus qu’une chaîne musicale à la maison qui se transforme en chaîne pour enfants le matin et qui ne diffuse quasi plus que de la télé-réalité le soir (oui, tu sais très bien de quoi je parle). Je surveille donc l’arrivée des nouvelles vidéos derrière mon ordi plus par curiosité que par réel intérêt, puisqu’il est de plus en plus rare que mes pupilles soient titillées par les images défilant à l’écran. Cette année, en ce qui me concerne, je ne retiendrai donc sûrement que le Bad Girls de M.I.A. par Romain Gavras, le Pyramids de Frank Ocean par Nabil… et Fallin de JMSN par Kenneth Brown.

J’ai souvent eu des goûts étranges en matière de cinéma. En peinture aussi. Il y a quelques années, à l’occasion d’un cours d’art contemporain, je me suis ainsi retrouvée dans une grande discussion avec mon professeur qui m’avait trouvée, comme de nombreux étudiants avant moi, agenouillée devant Notre-Dame de l’inconception royale, une conception un peu trash de Jean Harlez. “C’est l’oeuvre que vous aimez le moins ?”, avait-elle supposé en me voyant remplir mon dossier. “Non, c’est celle que j’aime le plus”, ai-je répondu, allant ainsi à l’encontre de tous les autres élèves. Certes, cette création était sans doute provocante mais elle brillait d’authenticité. Et c’est ce que j’aime dans l’art, quel qu’il soit : les vérités qui dérangent, les métaphores et un esthétisme qui sort des sentiers battus.

Dévoilé à l’occasion de l’annonce de sa participation au titre Pray de The Game, le clip Fallin risque peut-être lui aussi de déranger, JMSN ayant invité des femmes à la table de sa Cène plutôt que des apôtres. Et pourtant, ce que certains jugeront n’être que pure provocation n’est pas vide de sens comme le chanteur l’explique lui-même sur son Tumblr :

“All this darkness won’t turn light, and all these wrongs wont make it right. Lorsqu’on est entouré de tant de choses supposées donner du plaisir, comment quelqu’un peut-il être si seul et insatisfait ? Toutes ces choses qui m’entourent (la nourriture, les femmes, le sexe etc.) et pourraient superficiellement m’apporter du plaisir n’ont fait qu’aggraver ma faiblesse et la rendre plus visible dans mon âme. Ces démons se battent pour moi et se battent même entre eux pour avoir mon âme. Évidemment, ces choses paraissent séduisantes mais mon âme ne se laisse pas impressionner : son innocence la sauvera. Toute ces choses finiront par s’auto-détruire à cause du chaos qu’elles ont créé. Elles s’éloigneront toutes de moi et disparaîtront de ma vie. Je finirai comme tout a commencé : innocent. Et lorsque vous survivez à une tempête, vous êtes les seuls à pouvoir émettre un jugement. Si vous pouvez vous accepter et vous entretenir au milieu des flammes, vous ressusciterez. Innocent.”

De la grande métaphore en somme (comme JMSN a pour habitude d’en faire d’ailleurs) mais qui me fait apprécier d’autant plus la chanson que je n’écoute désormais plus de la même façon…

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