Je ne me proclamerais pas fan inconditionnelle de M.I.A. Non, je n’aime pas toutes ses chansons, mais par contre, je ne rate jamais la sortie de ses nouveaux clips, toujours portés par un vrai concept comme le confirme le dernier venu Borders.
À l’instar de Swords et Warriors, le titre est extrait de son cinquième album Matahdatah qu’elle décrit comme le “journal de Matangi” dans un communiqué de presse. Centré sur le thème des frontières, l’opus se veut “fait-main” avec une série de “vidéos réalisées et montées par M.I.A. elle-même, chacune d’entre elles ayant été filmée dans un pays différent”.
Une image vaut parfois mieux qu’un long discours et la chanteuse s’en tient justement à des questions rhétoriques brèves, simples et concises et à une imagerie très forte afin de faire écho à l’actualité et à la crise des migrants. Toujours (im)pertinente et directe, elle n’hésite pas à reprendre les expressions superficielles de la jeunesse d’aujourd’hui, à détourner le Fly Emirates du maillot du PSG en Fly Pirates (en réponse aux nombreux travailleurs immigrés ayant péri sur les chantiers liés à la Coupe du Monde 2022 du Qatar d’après une information du Washington Post) et à avoir recours à des plans impressionnants tels que la création d’un navire humain ou un “LIFE” épelé par des hommes escaladant une barrière surplombée de barbelés. Et si le sujet lui tient tant à cœur, c’est parce qu’elle est tout simplement fille de réfugiés et qu’elle a plus tard elle-même été contrainte de fuir le pays de ses parents, où elle a grandi, lors de la guerre civile du Sri Lanka. “J’aimerais dédier cette vidéo à mon oncle Bala, mon icône et mon exemple, a écrit M.I.A. sur Twitter. C’est l’un des premiers migrants tamouls à être venu au Royaume-Uni dans les années 60 et un homme créatif et audacieux ayant ensuite inspiré énormément de personnes… Merci d’avoir aidé ma famille à venir en Angleterre, de nous avoir sortis du Sri Lanka et de nous avoir sauvés.”
