La semaine dernière, j’étais chez une amie à Brighton avec qui on se trouvait chaque matin une chanson du jour. Parmi nos obsessions quotidiennes, un certain Ady Suleiman, mi-anglais, mi-tanzanien, découvert grâce à mon amie en question et dont le premier projet This Is My EP rythme désormais la plupart de mes journées.
Si l’on aimait comparer Sam Smith à une Adele au masculin à ses débuts, Ady, lui, peut se targuer de se voir régulièrement décrit comme la version mâle de la regrettée Amy Winehouse. La faute, sans doute, à sa voix soulful un peu éraillée et ses textes très bruts de décoffrage. La recette a en tout cas déjà séduit plus d’un mélomane, y compris dans l’industrie puisque Labrinth, Chance the Rapper, Joey Bada$$ ou encore George the Poet chantent volontiers ses louanges.
Permettez-moi donc d’en rajouter une couche, en précisant que le chanteur de 23 ans a déjà son propre label, Pemba Records (en hommage au lieu de naissance de son père), chez Sony Music et qu’il est plutôt bien entouré puisqu’il travaille avec les producteurs SMV qui ont notamment fait équipe avec Plan B et Kwabs. Sa passion, Ady Suleiman l’a cultivée avec le plus grand naturel. Fils d’un père DJ, il raconte avec humour à Hunger TV comme il a eu l’impression de “découvrir un secret lorsqu’il a découvert des chansons qui n’étaient pas dans les charts”, à commencer par Beautiful People de Marilyn Manson. Il s’est alors mis à la guitare avant de tomber définitivement amoureux de la musique après que son père lui ait offert un album de Jimi Hendrix. “C’est plutôt drôle car je suis un jour allé à mon cours de guitare sans ma guitare ! C’était un cours à l’école de musique donc j’ai dit ‘Désolé, je l’ai oubliée, je reviendrai la semaine prochaine’, et le professeur m’a répondu ‘Oh ben je suppose que tu devras chanter cette semaine alors. C’est aussi un peu à cause de ça que j’ai commencé à chanter”, racontait-il en 2012 à Vibe Media.
En studio, tout est encore une fois très organique : Ady Suleiman freestyle, puis fait son shopping et sélectionne les mélodies et les mots qui lui plaisent. Une méthode qui colle finalement bien à l’esprit de sa musique, assez décontractée.
Si mon morceau préféré de l’EP est So Lost, c’est cependant avec son dernier clip State of Mind, réalisé par Michael Holyk, que je vous présente aujourd’hui ce jeune homme promis, j’en suis sûre, à un brillant avenir. Dans ce morceau s’apparentant à une réflexion, Ady Suleiman questionne avec légèreté et accents reggae les autorités telles que le gouvernement et la religion. “Cela reflète cette période de ta vie où tu hais et remets tout en question”, a-t-il expliqué à Hunger TV.
